Marillion

Publié le par POULBOT

Marillion est un groupe de rock britannique fer de lance du renouveau du « rock progressif », né en 1978 sous le nom de Silmarillion d'après l'œuvre inspirée par J.R.R. Tolkien, auteur du Seigneur Des Anneaux. Le nom est vite raccourci à Marillion, tandis que le groupe s'éloigne peu à peu de toute référence « folklorique » (à l'imaginaire tolkiéniste, au rock progressif des années 1970) pour développer une identité propre, caractérisée par les textes, la voix et la prestation scénique du chanteur Fish, puis de son successeur Steve Hogarth, parfois considéré comme moins charismatique, mais tout aussi talentueux et crée le style dit « rock néo-progressif » avec d'autres formations telles que Pallas, Pendragon, IQ, XIIth Night. Facilement qualifiée à ses débuts de « clone de Genesis », la recherche mélodique qui caractérise le groupe alliée à la rage de son chanteur Fish lui vaut les grâces du public, conquis en 1985 par le single Kayleigh extrait de l'album Misplaced Childhood, concept album à caractère autobiographique. Cette première période culmine en 1987 avec le très réussi Clutching at Straws, qui se soldera hélas par le départ de Fish. À partir de 1989, une seconde période verra la mise en œuvre d'un son parfois plus pop-rock, parfois plus sombre (Brave, en 1994). La troisième (et actuelle) période débute en 1997, tandis que le groupe se sépare d'EMI pour passer en autoproduction. C'est une période en demi-teinte d'un point de vue commercial, mais très riche musicalement, malgré un aspect parfois inabouti (Radiat10n, marillion.com), heureusement dépassé par les derniers albums du groupe et en particulier l'excellent Marbles sorti en 2004.
Débuts et premiers succès (1979-1984) Le groupe est fondé en 1979 à Aylesbury par le batteur Mick Pointer et le bassiste Doug Irvine. Ils sont très vite rejoint par le claviériste Brian Jelliman et le guitariste Steve Rothery. Le groupe ne s'appelle pas encore Marillion mais Silmarillion et ne joue pour l'instant que des compositions intrumentales, fautes de n'avoir pas encore de chanteur. Quelques mois, plus tard, un jeune chanteur, Fish, passe une audition devant les membres du groupe. Sa voix et son charisme impressionnent les membres du groupe qui décide de l'engager. Il améliore très vite le répertoire du groupe et propose de changer de le nom du groupe en Marillion. Entre temps, le bassiste Doug Irvine, fatigué de rester à végéter, quitte le groupe l'année suivante. Il sera remplacé par Diz Minnit, un vieil ami de Fish. Diz Minnit et Brian Jelliman imite très vite Doug Irvine en quittant le groupe en 1981 malgré des concerts très remarqués et très prometteurs. Ils sont respectivement remplacée par Pete Trewavas et Mark Kelly. Le groupe n'a pas encore sorti d'albums qu'il rempli déjà les salles de concerts. Ainsi, après un concert très remarqué au festival de Reading en 1982 devant plus de 65 000 personnes, Marillion signe chez EMI. En 1982, le groupe sort son premier single : Market Square Heroes contenant trois chansons (Market Square Heroes, Three Boats Down From The Candy et Grendel). Les premières critiques sont plutôt bonnes même si le disque est catalogué de "hard-rock". Après avoir sorti quelques autres singles, le groupe sort en 1983 son premier album, Script For A Jester's Tear, qui attendra tout de même la 7ème place dans les charts britanniques. La pochette, dessiné par Mark Wilkinson, accentue le côté thêatrale de l'album. Les premières critiques sont tout d'abord assez valorisantes pour le groupe, certains n'hésitant pas à dire que Marillion a créé un nouveau style. Cet remarque n'est pas fausse puisque on estime que Marillion a fondé un style: le rock néo-progressif. D'autres voient le groupe comme la relève du rock progressif. Peter Gabriel aurait même appelé Fish pour le féliciter et pour l'encourager à continuer. Mais très vite les critiques, dévalorisantes cette fois-ci, fusent. Les premières viennent de la part de la presse musicale qui ne voit en Marillion qu'une "pâle copie" de Genesis. Il est vrai que la voix de Fish ressemble beaucoup à celle de Peter Gabriel et que la chanson Grendel ressemble étrangement à une autre chanson: Supper's Ready de Genesis. Les autres critiques viennent de la bourgeoisie anglaise qui n'apprécie guère la chanson Garden Party qui parodie la célèbre Garden Party de la Reine et la noblesse anglaise. Suite à la tournée au Royaume-Uni, Mick pointer se fâche avec le reste de la troupe. Il est aussitôt remplacé par Andy Ward (ancien batteur du groupe Camel), sans réelle audition, sa renommée jugé suffisante. Marillion part alors en tournée aux États-Unis. Cette tournée sera désastreuse aux vues de réactions du public américain. Andy Ward, qui venait d'arriver au sein du groupe, est renvoyé pour abus d'alcool. Il est remplacé par John Martyr. En septembre 1983, on propose au groupe de retourner aux Etats-Unis pour assurer les premières parties de Rush. D'abord réticent, Fish et le reste du groupe finissent par accepter. Mais, comme lors de la première tournée, les choses se passent mal, le public étant particulièrement odieux ce qui fera enrager Fish qui insultera les spectateurs en écossais. Contre toutes attentes, cet action plaira au public américain qui laissera désormais Marillion effectuer ses premières parties sans encombre ! Marillion rentre en Angleterre. John Martyr, jugé trop moyen, est remplacé par un jeune batteur américain: Jonathan Mover. Ce dernier ne jouera qu'un seul concert avec le groupe, car, s'étant fâché avec Fish, il sera remplacé par Ian Mosley. Le 12 mars 1984, Marillion sort son second album: Fugazi. L'album marche encore mieux que le premier sauf au Royaume-Uni où les ventes seront un peu inférieur à celles de l'album précédent mais tout de même atteignant la 4ème place dans les charts. L'album plaîra également aux amateurs de hard rock grâce à des morceaux très incisifs comme le hit Assassing et Punch And Judy. Real To Reel sorti quelques mois plus tard, s'avèrera un live très réussi.
Changements et continuité (1989-1996) Le groupe sort Season's end en 1989, puis Holidays in Eden en 1991, ce dernier marquant un tournant assez « pop » dans le style du groupe, bien que cette tendance ne soit pas nouvelle (on pensera à Kayleigh et Lavender, fers de lance du succès du groupe auprès d'un très large public au Royaume-Uni). Même les morceaux les plus ambitieux musicalement du groupe ne s'articulent plus vraiment autour des ruptures de rythme chères au rock progressif des années 1970, mais plutôt autour de rythmes lents (voire contemplatifs) qui montent en crescendo avant d'exploser avec retenue. À l'exubérance de Fish succède la rage contenue de Steve Hogarth, et le changement n'est finalement pas si radical, l'évolution musicale du groupe se faisant toujours avec une certaine cohérence. Malgré cela, beaucoup de fans ne voient pas d'un bon oeil le nouveau style du groupe. Certains n'acceptent pas la nouvel orientation pop, pourtant très réussie, et d'autres vont même jusqu'à reprocher au groupe de tout faire pour renier le passé (changement du logo et abandon de toute la symbolique des pochettes). Les relations entre le groupe et l'ancien chanteur Fish se dégradent de plus en plus, et la presse se délectent de cet "affrontement" en critiquant au passage les deux parties. 1994 voit le retour de Marillion au concept-album avec le très ambitieux Brave, album inspiré d'un fait divers (dans les années 80, la police avait retrouvé sur le pont de Severn à Londres une jeune fille d'environ 20 ans, perdue et apparemment amnésique, ou du moins peu loquace). L'idée de l'album vient de la rencontre de deux chansons (alors en projet) qui comptent dans leur version finie parmi les meilleures de l'album, Living With The Big Lie (écrite par Hogarth) et Runaway (écrite par John Helmer). Hogarth se rend compte que les deux chansons évoquent un même sujet, dit « teenage angst » (le mal-être adolescent), et fait le lien avec ce fait divers. Il décide de l'extrapoler en imaginant ce qui a pu se passer avant l'arrivée de cette jeune fille sur le pont. Au final, il s'agit d'une œuvre complexe, extrêmement sombre, la musique du groupe venant accompagner et réhausser à merveille les textes (et inversement), un album concept dont la trame narrative est parfois opaque, mêlant intimement différentes voix auxquelles Hogarth prête la sienne : celle de la jeune fille, celle de son amant, celle du narrateur extérieur. Afraid Of Sunlight est la dernière collaboration de Marillion avec EMI en 1995. Il s'agit encore (et pour la dernière fois à ce jour dans l'histoire du groupe) d'un album concept, non pas axé autour d'une même trame narrative, mais autour d'une unique trame thématique : celle des dangers du succès (ironie peut-être involontaire en cette période où le groupe amorce une lente mais nette descente du point de vue du succès commercial). Hogarth y démontre son talent à se mettre dans la peau d'un autre personnage, ne parlant jamais mieux de lui que lorsqu'il parle des autres (de Brian Wilson dans Canibal Surf Babe, de Donald Campbell dans Out Of This World). La musique du groupe y est moins sombre que dans Brave, s'apparentant à ce qu'on qualifie parfois de pop « intelligente » ou « ambitieuse », voire de « pop prog » (par analogie avec le « rock progressif »). Le groupe y affirme surtout son intention de ne pas se laisser enfermer dans une catégorie musicale quelconque, intention qui sera plus nettement affirmée dans les albums suivants.
Troisième période : Autoproduction et recherche musicale (1997-2004) Le groupe quitte donc EMI après Afraid of Sunlight (ils avaient pensé le faire plus tôt, lors de la préparation de Brave, mais avaient finalement décidé d'aller au bout de leur contrat banalement abusif - signé pour 7 albums, taux de royalties faible et non renégociable). Le groupe créera donc Racket Records, son propre label indépendant (qui ne s'occupe que de Marillion, du moins pour l'instant), et sera distribué pendant un temps par Castle. À partir de 2001, le groupe est toujours en autoproduction, mais retire la distribution à Castle pour la confier à… EMI. N'étant pas dépendant d'EMI pour la production de ses albums, ou des relations avec ses fans, le groupe sort donc vainqueur de cet échange parfois difficile à suivre. À partir de 1997, lorsque sort This strange engine, le groupe rencontre un succès plus confidentiel, selon les standards de la musique radio- et télé-diffusée en « heavy rotation » (matraquage), mais suffisamment important pour le garder sur les rails et lui assurer une indépendance de création enviée par nombre de groupes à travers le monde, n'ayant pas la chance de disposer d'une base de fans solide de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le groupe développera, à partir de cette période, une stratégie de communication plus directe avec ses fans par le biais de l'Internet, comprenant en cela où était leur véritable force. Ils n'hésiteront pas à faire appel financièrement à ceux-ci, d'abord pour l'organisation d'une tournée américaine après la sortie de l'album This Strange Engine (l'initiative de collecte de fonds avait été lancée par un fan américain, et largement suivie via les listes de diffusion sur internet), pour pouvoir produire l'album Anoraknophobia (2001), ou encore pour constituer un budget promotionnel pour l'album Marbles (2004). Nombre de fans se prêtent de bonne grâce à cette forme de soutien direct, qui de plus donne le plus souvent droit à une version « collector » de l'album, spécialement réservée aux précommandes. Durant cette période (1997-2004), les albums de Marillion sont par certains côtés plus novateurs que les productions récentes du groupe, mais cette recherche, pas toujours accompagnée d'une réalisation ou d'une maturation suffisante, déçoivent une partie des fans de la première heure. On pensera à Radiat10n (1998), dont les compositions, pourtant très bonnes, sont totalement gachées par une production de très mauvaise qualité. Si l'on pense au succès à la fois technique et artistique du double album « Marbles », on en vient à regretter l'absence du producteur Dave Meegan, collaborateur du groupe sur tous les meilleurs albums de la période Hogarth : Brave, Afraid of sunlight, Anoraknophobia et Marbles. marillion.com, (1999), confirme cette tendance du groupe à vouloir se renouveler et essayer de nouvelles directions, mais l'album peine à convaincre en s'enlisant dans des compositions un peu fades, et surtout tellement eloignées des productions antérieures. Pourtant, cette fois-ci, le son est à la hauteur, et la présence de Steven Wilson (leader du groupe Porcupine Tree), qui a participé au mixage et à la production de certains titres, se fait parfois entendre. Anoraknophobia sort en 2001 après les mal-aimés Radiat10n et marillion.com, et c'est un album rassurant pour les fans. Il est pourtant encore plus novateur que les deux précédents, le groupe s'essayant à des sonorités et des compositions qu'on ne lui connaissait pas vraiment, sans pour autant se détourner totalement du « son Marillion ». La forte cohérence de cet album est en partie due au travail de Dave Meegan, producteur consciencieux et véritable chef d'orchestre du groupe en studio, capable de faire recommencer une prise autant de fois que nécessaire, ou de renvoyer Steve Hogarth retravailler ses paroles. Les décisions se font le plus souvent de manière démocratique, mais le groupe apprécie ce jugement un peu plus extérieur et non complaisant. Au final Anoraknophobia est un bon album, le plus différent de la discographie de Marillion, mais pas le moins réussi. Après trois ans d'attente sort un double album (1h40 de musique) intitulé Marbles. Constitué de 15 titres, il montre un groupe qui étonne par sa maturité et surtout son savoir-faire. Les compositions, variées, s'enchainent avec beaucoup de fluidité et rappelent toutes les périodes de la carrière de Marillion, y compris par moments les plus anciennes. Le facteur liant de Marbles est la dissémination de petits morceaux de transitions intitulés Marbles I, II, III et IV, et aussi ce son très reconnaissable, pour lequel on ne sait s'il faut créditer les musiciens, la voix et l'interprétation de Steve Hogarth, ou le travail de Dave Meegan. La réponse la plus sensée est : les trois. D'une indéniable qualité, Marbles (accompagné d'une campagne marketing financée par les fans) reconquiert à la cause du groupe une partie des fans de la première heure, ainsi qu'un certain nombre de nouveaux venus. Il est ponctué de temps forts comme les désormais classiques Neverland et Ocean cloud, tous deux d'une cohérence étonnante, peut-être la plus grande réussite du groupe dans ce type de format (une quinzaine de minutes). L'album existe aussi dans une version édulcorée (moins de titres, dans un ordre un peu différent), destinée à la vente dans le commerce. En avril 2007 sortira Somewhere Else, un album plus aérien, plus dynamique, plus rock aussi, qui rompt avec la mélancolie de Marbles et se tourne vers une approche radicalement moins progressive.
Somewhere Else : L'ère moderne [modifier] Pour redonner du souffle à sa musique et surtout revenir à une certaine spontanéité qui les caractérisait à leurs débuts, Marillion ne travaille plus sur Somewhere Else avec leur producteur Dave Meegan mais avec Mike Hunter. Ce dernier parvient formidablement à redonner de l'énergie créatrice au groupe en les poussant justement à travailler "live". Le résulat est bluffant. Somewhere Else ressemble à l'album d'une renaissance réussie. On y entend le groupe jouer et sonner comme au temps de ses débuts avec Hogarth au chant. Pourtant ce disque a un son très riche et très moderne, il est aussi très organique. Marillion impose alors plus clairement une image pop moderne et riche. D'une toute autre façon mais dans la catégorie des Radiohead. Marillion est plus direct tout en étant plus que jamais lui-même. Avec ce disque il intéresse à nouveau les médias. Peut-être marque-t-il aussi la fin de la querelle des anciens et des modernes, bien que chaque nouvelle sortie du groupe provoque autant d'engouement que de réactions négatives tellement le public de Marillion se forge des attentes différentes. Vingt ans exactement après la sortie de Clutching At Staws, Somewhere Else redonne de la visibilité au groupe. Fort de ses expériences heureuses sur le net avec ses fans, Marillion décide de ne pas sortir de single "physique". Le 26 avril 2007 sort donc sur les plateformes de téléchargement légal, "See It Like A Baby" le premier extrait de Somewhere Else qui, lui, sort le 9 Avril 2007. Le succès est enfin au rendez-vous puisque les médias se remettent à parler de Marillion en des termes élogieux et que des radios comme RTL2, FIP, OUÏ fm retiennent le single dans leur playlist. Le 26 août 2007 à Aleysbury (Ecosse), Marillion, à l'exception de Steve Hogarth, participe, à la surprise générale, à un concert du premier chanteur du groupe Fish, se réconciliant donc pour la première fois depuis presque 20 ans ! Les rumeurs qui couraient sur le probable retour de ce dernier dans le groupe et donc le départ d'Hogarth, le chanteur actuel, sont totalement infondées.

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